Depuis 1994, Bois Urbain transforme bien plus que du bois : cette entreprise d’économie sociale basée à Montréal façonne des parcours de vie. À travers des programmes d’insertion en ébénisterie, elle accompagne chaque année des personnes éloignées du marché du travail — femmes, immigrants, jeunes décrocheurs, personnes vivant avec des enjeux de santé mentale ou issus de la communauté LGBTQIA2S+. En formant ses participant·e·s à un métier concret, valorisant et certifié, Bois Urbain leur permet de retrouver confiance, stabilité et autonomie.
Décrivez votre action caritative/sans but lucratif/bénévole en quelques phrases.
Bois Urbain est une entreprise d’économie sociale et d’insertion socioprofessionnelle dans le domaine de l’ébénisterie fondé en 1994. Membre du Collectif des entreprises d’insertion du Québec depuis ses débuts, l’entreprise est aussi accréditée par Emploi-Québec, son principal bailleur de fonds, à titre de ressource externe et experte dans son champ d’intervention. L’entreprise est constituée sous la forme d’un organisme à but non lucratif qui produit des biens et services dans le cadre d’une ébénisterie à caractère social. L’activité économique a le rôle de contribuer à la mission de rentabilité sociale.
Depuis 30 ans, fêtés en 2024, Bois Urbain est au service de la communauté, de ses membres et de ses participants. Dans son rôle d’organisme de charité, Bois Urbain est menée à développer de nouveaux projets et programme pour répondre à des défis et des besoins spécifiques de ses participants et ses membres, mais aussi pour l’ensemble de sa mission. Ainsi, au fil du temps, avec le support financier des nombreuses fondations, nous avons développé des projets pour soutenir et faciliter l’insertion en emploi et l’inclusion sociale pour différentes catégories de participants :
- Les femmes qui visent des métiers considérés traditionnellement masculins,
- Les personnes immigrantes qui cherchent à s’intégrer dans la société et sur le marché du travail québécois,
- Les personnes atteintes des déficiences et des problématiques de santé mentale,
- Les décrocheurs scolaires que l’école traditionnelle ne répond pas à leur façon d’apprendre. Nous avons développé le projet : Se raccrocher à l’école de la vie avec Bois Urbain;
- Les personnes issues des communautés LGBTQIA2S+,
- Des projets pour prévenir l’intimidation et le harcèlement en contexte de travail,
- Des projets sur le développement de la littératie financière, mais aussi numérique,
- Des projets sur le civisme et la participation démocratique aux élections, des projets pour réinsérer en emploi de personnes avec des casiers judiciaires;
- Accueillir des stagiaires en travail social pour former la relève dans le domaine, offrir un milieu de pratique pour les stagiaires, mais surtout un accompagnement de plus pour les participants dans le besoin.
- Nous avons développé un lexique, en collaboration avec l’Office québécois de la langue française, afin d’encadrer les apprentissages et les termes utilisés dans le domaine de l’ébénisterie et de la finition de meuble, lexique utilisé aujourd’hui par d’institutions d’enseignement professionnel et collégial et par d’autres entreprises en insertion.
Et beaucoup d’autres projets.
Quel problème vise-t-elle à résoudre ?
Étant donné ses activités, Bois Urbain contribue à la résolution de plusieurs défis et problématiques :
- Joue un rôle clé dans la lutte contre la pauvreté;
- Contribue à la réduction de l’isolement et à l’insertion en emploi des personnes éloignées du marché du travail;
- Offre des formations par le travail, qui permet aux participants de bénéficier des parcours d’insertion, d’acquérir des habiletés, d’apprendre et de pratiquer un métier valorisant qui est reconnu par une attestation officielle de la part du ministère de l’éducation, mais aussi par Emploi-Québec;
- Permet d’acquérir des connaissances spécifiques et transférables, afin que les participants deviennent des citoyens autonomes et des employés de confiance;
- Permet aux employeurs de bénéficier d’une main-d’œuvre semi-qualifiée et apte à affronter la réalité du marché du travail;
- Contribue à l’insertion sociale, professionnelle et linguistique des participants d’origine immigrante;
- Contribue à la promotion d’une identité locale, au développement économique, social et territorial, mais aussi au développement de son secteur d’activité qu’est l’ébénisterie;
- Prend part à l’innovation sociale à travers les activités et les services qu’elle met en place. Elle lutte contre le décrochage scolaire à travers ses formations adaptées et personnalisées;
- Bois Urbain est aussi un lieu de stage, de pratique et de formation de la relève en travail social, à travers l’accueil de stagiaires et des collaborations avec l’école de travail social de l’UDEM et de l’UQAM.
Quand avez-vous commencé/rejoint l’association ?
J’y travaille depuis 2012. Dans un premier temps, dans mon domaine premier de sociologue et travailleuse sociale comme directrice de l’intervention et de recrutement des participants. Puis comme directrice générale de l’organisation dans mon domaine de compétences et de formation de gestionnaire des entreprises sociales et collectives depuis mai 2022. J’ai la mission de l’entreprise tatouée sur le cœur.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous impliquer ?
La mission de l’entreprise, les besoins des participants en insertion, le goût de développer, d’améliorer et de changer des vies, un participant à la fois. Bois Urbain est aussi une entreprise qui fabrique des beaux meubles à utilité sociale. Notre expertise est le travail avec le bois franc, mais aussi le merisier baltique. Nous répondons aux besoins très diversifiés des clients. Nos produits sont faits sur mesure. Nous fabriquons autant des meubles d’intérieur : des bureaux, des lits, des armoires, des bibliothèques, des ilots de cuisines et beaucoup d’autres; mais aussi du mobilier urbain genre des bacs à fleurs, des estrades en bois, des tables de pique-nique, des jardins communautaires, etc. Cela contribue à la collectivité de plusieurs manières et j’avais envie d’en faire partie.
Quelle était la situation à vos débuts ?
Bois Urbain a vécu plusieurs étapes de développement ou de consolidation. Comme la majorité des entreprises, elle a été affectée par la COVID et le post-covid. Notre capacité de résilience, notre pouvoir de nous adapter et de développer de nouvelles façons de faire nous a sauvé. Toutefois cela prend du temps. Je suis arrivée à la direction à ce moment où la pénurie de main-d’œuvre était à son apogée. Durant ma première année à la direction, mon équipe a changé presque en totalité. Je ne faisais que recruter, embaucher, former et ensuite je les perdais. Malgré le climat de travail très positif, les salaires n’étaient pas concurrentiels, donc les gens quittaient quand ils voyaient qu’il n’y avait pas de possibilité financière meilleure. Nous n’étions pas en mesure non plus de chercher des contrats pour les participants, car nous n’avions pas des ressources humaines suffisantes, mêmes les participants abandonnaient. Cela a pris du temps de trouver la « bonne équipe » qui adhère à la mission, à la cause, qui sont patients et se donnent du temps pour grandir ensemble pour contribuer au changement positif dans la vie des gens dans le besoin. Il y a encore du roulement du personnel, mais la situation a grandement changé depuis mes débuts.
Comment a-t-elle évolué depuis ?
Dans un premier temps, j’ai fait appel à mes expériences et compétences développées et testées ailleurs et qui ont bien fonctionné. J’ai développé des partenariats avec des institutions d’enseignement supérieur et accueilli des stagiaires et engagé des participants pour des postes permanents. J’ai investi du temps pour les former; j’ai créé des postes avec subvention salariale. J’ai dû développer des projets pilotes, des programmes de financement, développer le volet philanthropie presque inexistant et fait appel à des ressources externes. J’ai moi-même participé à des formations et des activités de réseautage. Nous avons réalisé notre planification stratégique 2024-2027, nous avons dû changer dans un premier temps le conseil d’administration, recruter de nouveaux administrateurs afin d’améliorer notre vie démocratique et la saine gestion financière. Nous avons également développé le membership, auparavant inexistant.
Nous avons cherché du financement et des dons privés pour acheter un camion de livraison, puis nous avons acheté quelques machines pour augmenter la production.
Nous avons amélioré les conditions de travail et salariales des employés, instauré des activités sociales, des sorties et activités hors entreprise, afin de développer la cohésion et le « travail ensemble » pour ne pas dire le vivre ensemble. Nous avons développé de pratiques d’équité, d’inclusion et de diversité autant au niveau des employés, des participants, des membres, mais aussi au niveau du conseil d’administration.
Que faut-il faire de plus ?
Consolider nos expertises, nos savoir-faire, développer notre service de ventes et de marketing, mettre en place des structures dans chaque département qui restent et appartiennent à l’entreprise, afin de nous assurer que les expertises ne se perdent pas avec les départs. Dans l’année à venir, nous prévoyons mettre en place un système CRM de gestion des clients à différents niveaux, mais aussi essayer d’encadrer l’utilisation de l’IA.
Comme entreprise d’ébénisterie et d’économie sociale avec une mission d’insertion, dans la vague de toutes les autres entreprises privées, nous restons encore peu connues. La concurrence est agressive, omniprésente. Mon souhait, c’est de remettre l’entreprise sur la carte, de la faire connaitre et reconnaitre parmi les concurrents de l’industrie, mais avec une mission sociale. Nous effectuons des démarches pour améliorer notre image de marque, nous impliquer davantage dans des activités de concertation et de réseautage et faire partie des différentes associations professionnelles. Tout cela demande du temps, des ressources humaines et bien entendu de l’argent. Malgré notre belle mission, nos beaux produits et la reconnaissance des clients qui nous confient leurs projets, nous avons encore des défis pour vendre nos services et produits de façon constante et récurrente afin de répondre aux besoins des participants, de nos membres, de nos équipes de travail et de la communauté dans laquelle nous sommes ancrées depuis plus de 30 ans.
Comment nos lecteurs peuvent-ils vous aider ?
À titre d’organisme de charité, nous comptons sur les dons des gens et des fondations.
Nous avons des donateurs récurrents à la mission, mais aussi pour des projets. Il est difficile de devoir toujours trouver des projets, car ce ne sont pas tous les besoins des participants qui peuvent se transformer en projets. Nous souhaitons développer les dons récurrents pour la mission. Ces derniers peuvent répondre autant aux besoins ponctuels, urgents, pour l’amélioration des conditions de participants en insertion, pour des outils de travail, pour de l’équipement didactique et autres.
Nous apprécions les fondations qui nous font confiance, qui viennent nous visiter quand c’est possible. Nous aimerions que d’autres fondations s’embarquent dans le soutien de nos causes et notre mission.
Partager notre nom, notre site web et notre mission est également bénéfique pour nous aider à obtenir des contrats stimulants et utiles pour tous.
Avez-vous des événements à venir ? Où pouvons-nous vous suivre ?
Notre évènement ouvert au public est chaque année lors de l’assemblée générale annuelle. Cette année notre AGA aura lieu le 21 octobre en soirée. Nous organisons aussi des événements ponctuels tout au long de l’année. Surveillez nos médias sociaux pour les dates.
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DONNEZ AU SUIVANT : Quelle est une association caritative locale formidable que vous appréciez ?
Je priorise et met en valeur le CJE ABC! Il s’agit d’un organisme phare avec une notoriété impeccable dans le quartier Ahuntsic Bordeaux-Cartierville. Plusieurs centaines de jeunes sont accompagnés annuellement pour leur première expérience de travail ou pour la poursuite de leurs études. C’est un organisme où je siège à titre d’administratrice et vice-présidente depuis plusieurs années!