J’ai rencontré Cara Déry il y a plus de dix ans et ma première impression ne s’est toujours pas démentie. Cette jeune quarantenaire est vive, joviale, franche et généreuse. C’est à l’occasion d’une présentation au centre d’artiste Zocalo situé à Longueuil que j’ai fait sa connaissance.
À cette époque, elle y assumait le rôle de directrice du conseil d’administration. Elle a contribué à faire évoluer la mission de ce centre spécialisé en art d’impression pendant plusieurs années avant de se consacrer à la Foire d’art contemporain de Saint-Lambert à titre de directrice artistique jusqu’en 2020. Cara s’investit toujours à fond dans tous les projets qu’elle porte en plus de mener de front sa carrière d’artiste professionnelle. Sa démarche qui a été pendant de nombreuses années presque exclusivement en dessin
intègre dorénavant des œuvres tridimensionnelles. Depuis la pandémie, elle travaille avec le crayon 3D et utilise une matière encore méconnue du grand public, le PLA, pour créer ses sculptures.
Elle crée des formes qui témoignent d’une grande finesse dans l’exécution et d’un travail quasi obsessif. Ses œuvres sont composées de motifs complexes, créées par effet d’accumulation de la matière; les traits et les filaments se démultiplient sous nos yeux. Son travail mérite d’être connu et reconnu. Car dans son atelier à LeMoyne, il se passe de grandes choses. Son plus récent travail sera d’ailleurs présenté au centre d’exposition du Vieux-Presbytère à Saint-Bruno dès janvier 2025 lors d’une exposition solo.
-Myriam Tousignant, artiste visuel et amie de Cara
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Dans quel quartier es-tu ?
J’habite sur la rive-sud de Montréal, dans la plus petite ville de l’arrondissement du grand Longueuil, Ville-Lemoyne. Un lieu enclavé entre le splendide boulevard Taschereau, la track de chemin de fer et la ville de Saint-Lambert. J’occupe depuis plus de 10 ans, l’appartement ayant vu grandir mon père, dans un duplex qui a jadis appartenu à ma grand-mère maternelle. Mes parents se connaissent depuis leur plus tendre enfance. Ça me touche énormément d’habiter dans un lieu rempli d’histoires.
Que fais-tu?
Je travaille comme artiste professionnelle depuis ma sortie de l’université. Je n’ai jamais arrêté, j’ai fait pleins d’expositions solos, des expositions de groupe aussi, j’ai été sur des conseils d’administrations de centre d’artistes, de foire d’art, sur des jurys, mes projets ont presque toujours été subventionnés, tout allait pour le mieux, mais en 2018, j’ai pris du recul. La vérité, je n’avais plus de plaisir à créer, ce qui est assez frustrant quand ça a toujours été ce qui me motivais. Un soir, pompette de 2019, j’ai acheté un crayon 3D via une annonce sur les médias sociaux. Depuis, je suis retombé en amour avec mon travail. Ma pratique artistique à longtemps été basé sur le dessins et la répétition de celui-ci, le crayon 3D m’a permis de comprendre de façon très profonde ce qui m’habitait dans ma démarche, bref une révolution dans ma vie!
Sur quoi travailles-tu actuellement?
Je travaille sur une exposition que j’attends avec tellement d’impatience. J’ai reçu une invitation en 2021 pour exposer en 2025. C’est beaucoup de temps ça! C’est 4 ans, à travailler tout les jours pour me perfectionner, j’ai pu faire des tonnes d’expériences, de découvertes, j’ai pu me décourager à 1000 reprises et revenir plus forte le lendemain. Je me suis donné le temps de réfléchir dans un monde qui va toujours plus vite, un gros luxe, qui m’a permis de solidifier ma démarche, mes œuvres, la confiance que j’avais en mon travail. J’ai vraiment hâte de faire découvrir mes nouvelles recherches avec cette matière si peu utilisé pour le moment, l’acide polylactique (PLA).
Où pouvons-nous trouver votre travail?
Pour le moment, je vous invite le 19 janvier 2025 à 13h, pour le vernissage de mon projet ”La lourdeur poétique du quotidien, un maillage poussiéreux” au centre d’exposition du Vieux-Presbytère de Saint-Bruno-de-Montarville. L’exposition sera présentée jusqu’au 2 mars 2025.