J’ai rencontré Damián Siqueiros en 2009 alors que ses photos étaient placardées sur les bus et dans les bouches de métro. Je ne me serais jamais doutée à quel point notre relation allait être aussi marquante, autant sur le plan créatif qu’humain. Depuis douze ans, nous collaborons sur à peu près tous les plans que la photographie artistique peut couvrir : je suis sa muse et il est mon mentor, nous discutons du langage du corps et du mouvement, élaborons ensemble la lumière de nos séries, échangeons sur les entrelacs de la direction photographique lorsque le photographe devient metteur en scène. Quant à l’écriture qui encadre nos projets et qui retrace la conceptualisation de notre vision, elle s’est petit à petit immiscée dans ce partenariat, avec ce regard analytique qui me vient de six années d’études en anthropologie. Depuis tout ce temps, j’ai donc eu le privilège de suivre l’évolution de Damián et de son art, autant comme spectatrice que comme collaboratrice, m’offrant une compréhension globale de son travail.
Artiviste par excellence — représentant de notre époque où l’engagement pour une cause fait partie du travail du créateur — Damián aborde les thèmes comme l’égalité des sexes, la voix des cultures minoritaires ou encore la sensibilisation environnementale. Du Mexique au Canada, en passant par la France, la Corée et la Chine, il voyage d’une culture à l’autre pour créer, enseigner et exposer ses photos, invitant son public à réfléchir hors des cadres. Il assouplit les esprits et lutte contre l’incompréhension souvent ressentie face à l’autre et à notre monde. C’est un discours actif non agressif qu’il emploie : une rhétorique de la beauté qui permet de déstigmatiser la peur de l’altérité, de lever le voile sur la qualité humaine et d’exister dans notre individualité et nos différences.
Ces dernières années, j’ai vu son projet Terra Sapiens prendre forme. Une proposition artistique dans laquelle il insuffle toute son âme, canalise vingt ans d’expérience en tant que photographe, et regroupe les valeurs qu’il défend : l’empathie, l’équité et le bien-être des personnes humaines et du monde naturel. Ici encore, ce qui saute aux yeux est la présence du corps chargé d’émotion qui devient un langage à part entière. Danseurs, circassiens et artistes du mouvement déploient leur art pour nous faire passer un message d’espoir, marque de fabrique de l’esthétique de Damián. Dans sa série Terra Sapiens, le photographe dépeint le monde à venir : un monde équilibré et harmonieux, avec une idéologie basée sur la circularité (soutenabilité). L’art a cela de magique qu’il peut se présenter comme une fenêtre ouverte sur d’autres possibilités. Damián est un visionnaire ; il nous rappelle que nous pouvons faire partie de cette réalité — à condition d’y croire — car nous sommes les bâtisseurs de demain, et avec l’inspiration et le regard dans la bonne direction, tout est possible.
-Biographie de Damián par Mariette Raina
Dans quel quartier es-tu?
Rosemont
Que fais-tu?
Ouf! Tout! Les arts visuels (photo et film), direction artistique, éducation, et être papa principalement.
J’appelle ce que je fais “creation for impact” ou création engagée. Cela veut dire que tout ce que je fais s’aligne avec ma mission et mes valeurs. Ma mission est de trouver des solutions holistiques et synergiques entre les défis sociaux et environnementaux et soit les mettre en place à travers l’éducation artistique ou les représenter à travers les arts visuels, la photographie et la vidéo.
La danse et les arts de la scène sont des éléments essentiels dans mon travail car elles me permettent d’explorer des thématiques complexes d’une façon abstraite et émotive.
Sur quoi travailles-tu actuellement?
En ce moment je travaille sur une belle collaboration avec la compagnie Sinha Danse. On fait un film basé sur l’œuvre la plus récente du chorégraphe Roger Sinha. On explore la perte du toucher, l’intimité et la chaleur de nos proches pendant la pandémie à travers 4 histoires différentes.
Je travaille aussi sur un projet artistique nommé Terrarium: Terrarium c’est un mélange entre film, photo, installation et danse. Ce projet vise à provoquer des changements culturels pour la régénération socio-écologique grâce à une narration visuelle non linéaire. Le projet se concentre à créer des représentations positives du futur ; un acte radical d’imagination, d’espoir et de création. Cette œuvre souligne l’importance de la diversité pour créer des récits inclusifs pour une écologie sociale saine et résiliente.
Où pouvons-nous trouver votre travail?