Le Centre de Ressources Périnatales Autour du bébé accompagne les nouveaux parents dans l’apprentissage et la valorisation de leur nouveau rôle dans la période pré et postnatale auprès des familles des quartiers Ahuntsic et Montréal-Nord qui attendent un bébé ou qui ont un enfant âgé de 0 à 2 ans. Nous avons parlé avec l’organisme pour en savoir plus sur eux.
Décrivez votre organisation caritative à but non lucratif en quelques phrases.
Le Centre de Ressources Périnatales Autour du bébé œuvre auprès des familles des quartiers Ahuntsic et Montréal-Nord qui attendent un bébé ou qui ont un enfant âgé de 0 à 2 ans. Notre mission est d’accompagner les nouveaux parents dans l’apprentissage et la valorisation de leur nouveau rôle dans la période pré et postnatale et de favoriser la santé globale de tous les membres de la famille afin d’en faire une expérience positive et équilibrée. Nos objectifs sont de favoriser l’attachement et le développement du lien mère-enfant, de briser l’isolement en créant des liens entre les familles et la communauté, d’outiller les nouveaux parents de la communauté par des formations et des ateliers thématiques, de favoriser l’entraide et les rapprochements entre les parents de diverses cultures et de toutes les conditions socio-économiques et finalement, de reconnaître l’importance de chaque parent. Nous utilisons les approches systémiques, humanistes et féministes et valorisons l’égalité entre les femmes et les hommes.
Quel problème vise-t-il à résoudre ?
L’arrivée d’un enfant peut être perçue comme un évènement heureux, mais cela entraîne toutes sortes de questionnements et de difficultés. C’est un grand bouleversement dans la vie d’une personne. Nous sommes là pour faciliter cette transition et la rendre plus douce, tout en prévenant la dépression postnatale et les difficultés d’adaptation. Nous travaillons avec des familles qui veulent s’autonomiser, se reposer et s’entourer, qui veulent apprendre et s’amuser, des familles à hauts risques, plus précaires ou plus isolées, des parents rencontrant des difficultés de santé mentale, qui vivent de la discrimination ou de l’exclusion, qui cherchent à s’outiller et à rencontrer d’autres parents, ou encore des familles cherchant à répondre à des besoins primaires. Nous leur offrons des services de soutien en allaitement, en introduction des aliments solides, des soutiens (Relevailles) à domicile, un groupe de soutien en dépression postnatale, des activités de stimulation parent-bébé et d’éducation populaire, des groupes de discussion et des ateliers de spécialistes sur différents sujets (sommeil, pleurs, choisir sa garderie, les couches lavables, etc.), des activités sexologiques et des services privés en sexologie ainsi que des activités en économie sociale, comme le massage pour bébés et le yoga avec bébé. Notre volet prénatal comprend des cours prénataux, du yoga prénatal et des soutiens à domicile en fin de grossesse (en cas d’urgence). Nous misons sur l’égalité entre les hommes et les femmes et sur la pleine participation du père, c’est pourquoi nous tenons ponctuellement des activités sur le thème de la maternité et du féminisme, ainsi que des ateliers réservés aux pères, comme les cuisines collectives spéciales papa et le club d’activités pour pères. Nos animations sont non-genrées afin de les rendre plus inclusives et nos locaux sont adaptés aux personnes à mobilité réduite. Nous renseignons aussi les familles sur la contraception et la santé reproductive. Dans tous nos ateliers et services, nous cherchons à favoriser la mixité sociale entre les familles, à valoriser chaque parent comme étant le premier éducateur de son enfant et à pallier la vulnérabilité universelle qui accompagne la venue d’un nouvel enfant. Nos familles ont un ou plusieurs enfants, proviennent de diverses cultures et niveaux socioéconomique, ont des âges variés et proviennent en partie de la communauté LGBTQ+ (familles homoparentales, transparentales, polyamoureuses, queer…).
Quand l’avez-vous commencé/l’avez-vous rejoint ?
Notre organisme, fondé en 1982, fête ses 40 ans cette année. Il s’agissait à l’origine d’une association bénévole permettant le troc de périodes de gardiennage entre parents dans le quartier d’Ahuntsic. Des activités festives, comme la fête d’Halloween, étaient aussi organisées pour les familles impliquées. Au fil des années, l’organisme a rejoint le Réseau des Centres de Ressources Périnatales du Québec et s’est agrandit, embauchant des professionnelles aux expertises diversifiées (sexologues…) et offrant une gamme de services sans cesse renouvelée. Le CRP Autour du bébé est désormais reconnu comme une référence dans son domaine, avec une expertise en sexopérinatalité qui en fait un milieu d’avant-garde en périnatalité.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous impliquer ?
La parentalité est souvent, à tort, perçue comme étant entièrement naturelle et coulant de source, facile, agréable et sans efforts. Or, elle entraîne son lot de défis, d’adaptations et de difficultés, qu’elles soient financières, émotionnelles, de santé physique et mentale… Les enjeux vécus par les familles sont souvent invisibilisés et la pression est grande pour atteindre la perfection. Nous croyons dans le potentiel de chaque parent et nous sommes là pour leur permettre d’atteindre leur plein potentiel. Nous veillons à informer les parents sur les sujets qui les préoccupent et à relativiser leurs attentes et nous prévenons les risques pour les parents et leurs enfants, en offrant entre autres un groupe de prévention en dépression postnatale et des soutiens à domicile. Nous souhaitons nous impliquer auprès des familles dans cette période-clé qu’est le 0-2 ans car nous sommes convaincues que c’est lors de cette période que le développement de l’enfant est le plus déterminant pour le reste de sa vie. Nous croyons que le fait de devenir parent est une transition importante dans la vie d’une personne et nous travaillons à la création d’environnements favorables qui rendront cette transition plus facile et permettront, à long terme, des retombées positives pour l’enfant sur le plan de la stimulation, de la réponse aux besoins primaires (allaitement, alimentation…) et de l’attachement, entre autres.
Comment était la situation lorsque vous avez commencé ?
Depuis l’arrivée de la directrice actuelle, en 2011, les besoins des familles ont changé, mais aussi la situation de l’organisme. L’offre de services offerte était plus réduite, car l’organisme étant financé uniquement par projets. Cela signifie que la mission de base n’était pas couverte par des fonds spécifiques et qu’il fallait continuellement chercher de nouvelles sources de financement pour demeurer ouverts. Les locaux étaient moins nombreux et plus petits et l’horaire du centre communautaire où nous nous situions ne nous permettait pas de travailler le soir et la fin de semaine de façon régulière. Par conséquent, les pères n’assistaient pas beaucoup aux activités et nous ne pouvions servir qu’un nombre restreint de familles à la fois. Les familles venaient surtout à l’organisme pour les services de nutrition offerts par une nutritionniste contractuelle, les services en allaitement et les activités de stimulation et d’éducation populaire. L’équipe état composée à l’époque d’un coordonnateur et de son adjointe (qui était aussi animatrice !), ainsi que de bénévoles et de contractuelles.
Comment cela a-t-il changé depuis ?
L’organisme a déménagé dans des locaux entièrement rénovés sur la rue Fleury, permettant une meilleure visibilité, une plus grande capacité d’accueil et des horaires allongés. Cela nous permet d’offrir des services à davantage de familles en même temps et de servir les pères à des horaires adaptés à leurs besoins. Les enjeux d’égalité dans le couple et le rôle du père préoccupent davantage les familles et on ressent un fort désir des pères de s’impliquer auprès de leur bébé, qui était moins présent auparavant. De nombreux services ont été développés depuis 2011 : le volet prénatal, l’apparition des cours de yoga et de massage, le service de Relevailles, le volet sexologique et l’accueil de stagiaires en sexologie à chaque année, le groupe de soutien en dépression postnatale et de nombreuses activités de stimulation additionnelles. Nous sommes désormais financés à la mission de façon récurrente, ce qui signifie que nous recevons un montant annuel couvrant les besoins de base de l’organisme et qui se renouvelle chaque année. La survie de l’organisme et sa pérennité ne sont donc plus une préoccupation constante, ce qui nous permet de nous concentrer pleinement sur les familles et leurs besoins. Cela nous a aussi permis d’agrandir notre équipe : à l’heure actuelle, notre équipe se compose de 7 professionnelles qualifiées à l’emploi et nous accueillerons 3 stagiaires en sexologie à l’automne (sans compter les bénévoles et les contractuelles). Nos ressources humaines se sont multipliées par 5 dans les 10 dernières années ! Cela nous donne l’opportunité d’étendre notre offre de services et d’accorder à chaque famille le temps et l’énergie dont elle a besoin, ce qui n’était pas le cas auparavant car le nombre de familles était largement supérieur au nombre d’intervenantes. Nous montons aussi de nouveaux contenus exclusifs nous-mêmes, qui sont exportables vers d’autres milieux. Nos intervenantes se maintiennent à jour par de nombreuses formations continues, permettant à l’organisme de conserver son expertise de pointe. Nous continuons d’offrir des ateliers d’éducation populaire, alors que d’autres milieux les ont abandonnés depuis. Ce qui n’a pas changé, en revanche, ce sont les besoins fondamentaux de notre clientèle : être informés, rassurés, valorisés, écoutés, socialiser et recevoir des services essentiels en allaitement et en alimentation, entre autres.
Que faut-il faire de plus ?
Malgré l’augmentation significative de nos financements, certains de nos services essentiels ne sont pas subventionnés à la hauteur des besoins exprimés : les haltes-allaitement (pesées de bébés et soutiens en allaitement) et les services de nutrition rencontrent une forte demande et ne sont que partiellement financés. Nous ne pouvons donc engager les ressources qualifiées en nutrition dont nous aurions besoin pour répondre aux besoins en sécurité alimentaire de notre clientèle. Nous recevons aussi beaucoup de demandes provenant de Cartierville et Ville-St-Laurent, pour lesquelles nous ne pouvons pas toujours répondre présentes en raison de nos ressources humaines limitées. En effet, bien que nous ayons plus d’employées que jamais, notre équipe demeure trop petite pour rejoindre toutes les familles à besoins particuliers qui auraient besoin de nous en périphérie de notre secteur actuel. Par ailleurs, nous observons une méconnaissance chez la clientèle mieux nantie des enjeux qui touchent les familles vulnérables : effectivement, bien que les familles se côtoient dans certaines activités, leurs besoins varient grandement et elles ne sont pas toujours parfaitement mélangées. Certains ateliers et services rejoignent davantage la clientèle vulnérable que d’autres et les activités médiatisées sur les réseaux sociaux sont souvent celles qui rejoignent moins cette clientèle, ce qui peut donner l’impression que nous ne servons que la clientèle aisée alors qu’il n’en est rien. Au contraire, nous recevons surtout la clientèle vulnérable pour laquelle nous recevons souvent des demandes de dons de couches et de serviettes hygiéniques, dont nous manquons actuellement.
Comment nos lecteurs peuvent-ils aider ?
Nous offrons plusieurs possibilités aux personnes qui veulent nous appuyer de soutenir notre mission auprès des familles. Vous pouvez faire un don via Canadon en suivant ce lien : https://www.autourdubebe.org/index.php/services/faire-un-don, acheter un certificat-cadeau pour nos activités à un parent ou futur parent que vous connaissez, devenir membre de l’organisme pour un an au coût de 75$ ou encore participer à nos campagnes de financement ponctuelles, comme la vente d’étiquettes Colle-à-moi (en ligne) et de pots d’ingrédients secs de soupe et de biscuits (en présentiel, à nos locaux). Vous pouvez aussi soutenir financièrement un projet en particulier qui ne serait pas financé actuellement. Si vous préférez nous aider en donnant de votre temps, vous pouvez vous impliquer bénévolement de plusieurs manières : devenir marraine d’allaitement, nous aider dans la recherche de financement, donner des ateliers, etc. Contactez-nous pour en savoir plus !
Avez-vous des événements à venir?
Nous célébrerons notre 40ème anniversaire le 25 novembre prochain. Sinon, notre programmation d’activités d’automne paraîtra en septembre pour les mois à venir.
Où pouvons-nous vous suivre ?
Facebook | Instagram | Site Web
Quelle organisation caritative locale aimez-vous ?
Nous faisons partie du Réseau des Centres de Ressources Périnatales du Québec, un réseau comprenant une vingtaine d’organismes en périnatalité à travers le Québec qui offrent les mêmes services de base que les nôtres, avec leur touche personnelle respective. Les autres CRP de Montréal sont Les Relevailles de Montréal (dans l’est de l’île) et Espace Famille Villeray (dans Villeray). Nous entretenons également des liens avec les autres organismes communautaires d’Ahuntsic, comme Pause-Famille, qui dessert la clientèle des 0-12 ans et leurs familles et avec qui nous échangeons régulièrement des références de familles à besoins particuliers, et le SNAC, qui nous donne régulièrement des denrées pour nos cuisines collectives.