“A Day in the Life” avec danseuse / chorégraphe Aïka Mathelier

Aïka Mathelier, la poétique de la danse…

Quand Aïka m’a demandé de la décrire, je me suis retrouvée face à un dilemme, celui de pouvoir, en quelques mots, sans être réductrice, parler 

·   d’une femme passionnée, sensible, fine et généreuse,

·   d’une danseuse, actrice, chorégraphe talentueuse, créative… une artiste en quête d’excellence toujours…

·   d’une travailleuse sociale dédiée et engagée…

Difficile de séparer ces différentes facettes de l’être tant elles sont entremêlées et ne font qu’une.

Encore plus difficile de séparer Aïka de la danse car, celle-ci l’habite dès son jeune âge.

Me remonte à la mémoire, l’émotion encore vivace, le visage rayonnant, les yeux pétillants de cette fillette de 3 ans à peine se lançant sans retenue et peur, pour exécuter des mouvements de ballet dans un cours de danse auquel elle prend part pour la première fois. Je me rappelle aussi l’enfant de 4 ans, volontaire, m’annonçant sans sourciller et avec conviction, « c’est là que je veux aller », lors d’une visite à la Haitian Academy of Ballet and Arts (HAMABA) où elle poursuivra un cursus diversifié en danse jusqu’à 17 ans. Elle y côtoie danseur·se·s/chorégraphes de renommée internationale en participant à des séminaires.

Très jeune, elle découvre aussi les exigences du métier, les sacrifices qui lui sont associés en intégrant la compagnie Haitian American Contemporary Dance Theater (HACDT). Pour Aïka adolescente, entre sortir avec les ami·e·s et danser, le choix était clair : danser… toujours.

« Danser n’importe où, n’importe quand… danser pour respirer le calme dans un monde chaotique » (Aïka Mathelier)

Pour Aïka, la danse, plus qu’un geste technique ou artistique, est une façon de vivre. Pour elle, danser rime aussi avec partager, transmettre, faire connaître.

Jeune adulte immigrée au Canada, sa nostalgie en écharpe et son pays dans son cœur, Aïka saisit toutes les occasions pour danser. Loin d’Haïti, elle ressent un besoin presque vital de maintenir une connexion étroite avec sa terre natale, sa langue, sa culture.

Elle intègre alors EKSPRESYON, d’abord comme danseuse et membre de la troupe, puis en devient récemment la directrice artistique. Mais, l’engagement et la passion qui la caractérise, ce besoin de partager, de transmettre, cette volonté de briser les chaînes, de faire connaître la danse traditionnelle haïtienne la poussent à développer d’autres projets. Elle fonde YOUN avec Shéranne Figaro et Cindy Belotte pour dire qu’ensemble, comme communauté afrodescendante, on a notre place dans la société québécoise et canadienne.

Son travail de chorégraphe reflète sa formation en danse et son ancrage dans la danse traditionnelle haïtienne. Aïka vit avec et à travers la danse. Chaque mouvement, chaque geste, chaque chorégraphie sont empreints de l’émotion et de la passion qui la traverse et qu’elle communique aux autres, aux spectateur·trice·s.

« À travers la danse, je partage une partie de moi avec le monde, une partie de mon âme, de mon vécu ; je deviens vulnérable mais invincible » (Aïka Mathelier).

    écrit par Dominique Mathon (mère)

Aïka Mathelier
Dans ce cours d’approfondissement, nous avons pris le temps d’analyser à fond chaque mouvement pour mieux l’exécuter. (Photo de Nitsé Mathelier)
Souvent afin de mieux faire comprendre la différence entre ce qui est fait et ce qui est attendu, j’exagère ce que j’observe. Cela permet aussi de détendre l’atmosphère et de rire un peu. (Photo de Nitsé Mathelier)
Aïka Mathelier
Toujours à l’écoute et en mode partage ; les échanges avec chacune des participantes lors des cours sont tellement enrichissants et précieux. (Photo de Nitsé Mathelier)
Dans le monde de la danse, une des blagues qui revient le plus souvent c’est que la dernière fois n’est jamais la vraie dernière fois… “et cinq, six, sept, huit… encore!…” (Photo de Nitsé Mathelier)
Aïka Mathelier
“Action!”… Sur le plateau du tournage de notre chorégraphie sur la musique Lenglensou de James Germain. (Photo de Elie-John Joseph)
Prise 2. Toujours sur le plateau de tournage. Ce n’était certainement pas évident de garder la pause, les pieds dans le sable, ni de rester concentrée alors que les gens passent autour. Expérience inoubliable tout de même! (Photo de Elie-John Joseph)
En pleine improvisation, se laissant porter par la musique, laisser son âme et ses émotions mener la danse. Reconnaissante de pouvoir faire ce que j’aime et de le partager avec les participantes et le public. Je danse pour respirer le calme dans un monde chaotique… (Photo de Nitsé Mathelier)
Aïka Mathelier
Avec la pandémie, beaucoup de nos rencontres sont virtuelles. Il est toujours intéressant de pouvoir collaborer avec d’autres artistes et professionnels, et de développer de nouveaux projets. (Photo de Nitsé Mathelier)

  

Dans quel quartier es-tu ?

J’ai grandi en Haïti à Port-au-Prince. Je suis arrivée au Québec à l’âge de 17 ans à Sherbrooke pour mes études universitaires. J’ai ensuite déménagé à Montréal dans le quartier de Côte-des-Neiges avant d’aller à NDG puis maintenant sur la Rive-Sud. Je ne saurais dire que je m’identifie comme faisant partie d’un quartier en particulier à Montréal. 

Que fais-tu ?

Par où commencer ? Je suis travailleuse sociale, danseuse, chorégraphe, et professeure de danse. En 2011, j’ai intégré la troupe de danse EKSPRESYON, fondée par Régine Cadet et Sibyl Graham, d’abord comme interprète puis, de fil en aiguille, j’ai pris le relai à titre de directrice générale et artistique en 2019. Je continue à enseigner au centre de danse EKSPRESYON afin de continuer à promouvoir la culture haïtienne à travers la danse. Dans le même ordre d’idées, en été 2019, je me suis associée à d’autres directrices/professeures/chorégraphes de danse traditionnelle afin de fonder ensemble un séminaire intensif YOUN. Celui-ci en est à sa 3e édition. 

En tant que travailleuse sociale, j’ai eu l’occasion de travailler auprès de diverses communautés dans différents milieux, et j’offre présentement des services de counselling individuel afin d’aider chacun à optimiser leur développement personnel, professionnel et relationnel. 

Sur quoi travailles-tu actuellement ?

Je mène plusieurs projets de front, autant en travail social qu’en danse. En ce qui concerne le centre de danse EKSPRESYON, la pandémie a ralenti nos activités en présentiel, mais j’essaie de développer un cursus qui mélange à la fois la danse traditionnelle haïtienne et la remise en forme: Pazapa Workout. Cette toute première a été présentée en automne 2021, et nous espérons l’amener en mode virtuel prochainement. 

Par ailleurs, je commence une formation avec Les Grands Ballets Canadiens afin d’offrir des services de thérapie par la danse et par le mouvement… il faut nous suivre sur les réseaux afin d’en savoir davantage 😉 

Où pouvons-nous trouver votre travail ?

Sur le site web d’EKSPRESYON : www.ekspresyon.ca ou encore sur les réseaux sociaux : Instagram @ekspresyon_mtl ; Facebook facebook.com/EkspresyonMtl et YouTube.  

Pour YOUN : Instagram @espas.youn et Facebook: facebook.com/EspasYOUN